Agneaux est mentionné pour la première fois en 1056. Le patronage de l’église fut donné en 1206 par Gautier d’ Agneaux à l’abbaye de Ste Croix. Malgré plusieurs confirmations des seigneurs d’Agneaux, Raoul de Ste-Marie contesta ce patronage en 1479, mais il fut débouté de ses prétentions.
Jusqu’à la Révolution, l’abbaye de Ste-Croix nomma, comme curé, soit un séculier, soit un prieur-curé, chanoine de l’abbaye.
L’église d’Agneaux, « magma indéfinissable du XIXème siècle, à la nef affreusement encombrée » ( Art sacré. novembre1954, p. 12. avec photos avant et après 1944), fut partiellement détruite en 1944 : le clocher rasé, la dernière travée de la nef à moitié démolie, les autres murs intacts.
« La tâche de l’architecte était d’autant plus difficile que sa liberté était limitée par des éléments déjà existants. En adoptant, avec un goût très sûr la solution d’une grande simplicité en rendant aux matériaux leur authenticité, Jacques Prioleau a réussi une œuvre modeste et pure (Art sacré. novembre 1956. P. 19).
« A l’intérieur, la voûte était effondrée. Je l’ai remplacée par un plafond. Les murs, débarrassés de leur plâtras,ont été enduits à la chaux. Le sanctuaire a été développé et l’autel s’est sensiblement rapproché des fidèles » (Prioleau).
A Agneaux, point de fautes. Nul souci d’étonner, ni d’enrichir. Tout n’est qu’ordre et beauté. Tout est calme, piété et recueillement. Même en reconstruisant le clocher, l’architecte a eu le souci de rester en harmonie avec l’église. Son porche, d’une rigoureuse discrétion, nous console des pénibles « préaux » dont on a affublé tant de constructions récentes. » (P. Montjoie, La Manche Libre du 2 mars 1950).
Cette simplicité et cette modestie se retrouvent dans l’œuvre des artistes auxquels l’architecte a fait appel :
- Mme Flandrin-Latron pour les vitraux
- Lambert-Rucki et Ph.Kaeplin.pour les statues en bois
- Lambert-Rucki pour le coq du clocher
- Léon Zack pour les portes des tabernacles
- Léon Zack et Maxime Adam-Tessier pour le chemin de croix..
Dans son beau commentaire sur le chemin de croix d’Agneaux le R.P. de Rocquois a écrit : « Le Christ a payé sa dette avec sa Croix.
Est-ce cette pensée qui a guidé Léon Zack dans l’exécution de ses quatorze stations ?
Car c’est la Croix qui évoque les quatorze étapes de la Passion. Pas de personnages : la Croix. Une croix sculptée à même la pierre brute. Une croix tantôt accompagnée d’un symbole, tantôt chargée seule d’évoquer un des actes du drame. Quatorze dalles de pierre. Quatorze croix. Que l’on ait été surpris, déconcerté par cette œuvre originale, unique ; que l’on ait hésité à admettre, à comprendre, on le conçoit.
Mais l’œuvre s’est imposée par son symbolisme, sa beauté dépouillée, son caractère véritablement tragique.
Toutes les stations n’ont sans doute pas la même qualité. Deux ou trois confinent même au rébus (la 1ère, la 4ème et la 8ème). Mais d’autres entraînent l’adhésion, l’admiration sans réserve, notamment la 6ème (une femme pieuse essuya le visage de Jésus), la 10ème (Jésus est dépouillé de ses vêtements), la 12ème (Jésus meurt sur la Croix) et la 14ème (Jésus est déposé dans le sépulcre). Ces deux dernières atteignent à une bouleversante intensité dramatique avec une extraordinaire simplicité de moyens. » (P. Montjoie, Manche Libre, 2 mars 1958).
Pour en savoir plus : Mélanges de la Société d’archéologie de la Manche – 16ème série (1987)